Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
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Alverne44
Chut
le Diablinte
myriam
elagabale2000
Dardanvs
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Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Au-delà des multiples éléments mentionnés par les monnaies qui sont partiellement ou totalement absents des textes, il faut aussi avoir à l'esprit que les écrits, recopiés maintes fois, ont pu être altérés. On ne compte plus les passages dits douteux, réécrits ou manquants dans les textes anciens. Donc même s'il faut prendre du recul par rapport à la propagande monétaire antique, les monnaies sont des "documents" transmis directement, sans réécriture. A nous de les analyser avec discernement.
Chut- Miliarense léger
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Date d'inscription : 23/08/2011
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Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Je ne vois pas vraiment de différence de nature dans le travail d’interprétation d’une image et d’un texte! Seule la force de l’image nous fait paraître ce travail plus immédiat. Mais l'image de propagande est une fausse évidence et nécessite une grille de lecture pour pénétrer le dessein de celui qui l’a conçue. Sans les textes, même lacunaires, expurgés, recopiés, et je rajouterais souvent mal traduits et loin de la version originale, nous en serions réduits à décrire les monnaies romaines comme les gauloises, ce serait sûrement très poétique mais peu informatif. Et je suis bien d’accord avec vous, la numismatique est sous-exploitée par les historiens.
La littérature de l’époque constantinienne est rébarbative, soporifique au possible. Ecrite par des hagiographes le plus souvent ou par des détracteurs haineux et sans nuances parce que persécutés. Il lui manque un Tacite ou même un Ammien Marcellin. (Qui sait, on retrouvera peut-être un jour les volumes manquants des Res Gestae, de Trajan à Constance II… ) Ce qui se profile avec Lactance s’aggrave encore avec Eusèbe de Césarée, notre principale source. Cet évêque arien proche de Constantin ne dissimule pas son parti pris et nous prévient dès le début, il ne retiendra pour sa "Vita Constantini" que les faits qui servent son projet: L’édification des lecteurs à travers un modèle achevé de foi chrétienne incarné par l’empereur lui-même. Autant dire qu’il passe sous silence comme tous ses contemporains certains évènements majeurs dont nous ne saurons jamais rien. Faire aujourd’hui une biographie de Constantin dans ces conditions relève de la gageure.
Comme je te le disais Genio, je ne lis presque plus de biographies. Le genre impose à l’auteur pour donner corps à son personnage de remplir les vides, de tenter une approche psychologique pour trouver une cohérence dans ses intentions. Pas étonnant lorsque la matière manque à ce point comme dans le cas de Constantin, qu’avec les mêmes faits et selon les époques on aboutisse à des portraits aussi disparates.
Mais après tout qu’importe finalement que Constantin ait été un chrétien fervent ou pas et qu’importe le moment de sa conversion si elle a jamais eu lieu. Alliance avec le christianisme par (mauvaise) conscience, par foi profonde ou par intérêt bien compris, seul le résultat compte. On ne peut comprendre la politique constantinienne et les profondes mutations qui surviennent au début de ce IVe siècle qu’en se rabattant sur ses édits, sa législation qui s’étend jusqu’à la sphère privée, sa correspondance avec quelques évêques ou hauts fonctionnaires de province, ses choix économiques. C’est aussi vrai pour la période suivante, et là je dis oui oui oui et encore oui aux travaux de R. Delmaire, j’avais fait un petit résumé concernant cette loi de Constance II dite « à Rufinus » en partant de l’article dont tu parles.
La littérature de l’époque constantinienne est rébarbative, soporifique au possible. Ecrite par des hagiographes le plus souvent ou par des détracteurs haineux et sans nuances parce que persécutés. Il lui manque un Tacite ou même un Ammien Marcellin. (Qui sait, on retrouvera peut-être un jour les volumes manquants des Res Gestae, de Trajan à Constance II… ) Ce qui se profile avec Lactance s’aggrave encore avec Eusèbe de Césarée, notre principale source. Cet évêque arien proche de Constantin ne dissimule pas son parti pris et nous prévient dès le début, il ne retiendra pour sa "Vita Constantini" que les faits qui servent son projet: L’édification des lecteurs à travers un modèle achevé de foi chrétienne incarné par l’empereur lui-même. Autant dire qu’il passe sous silence comme tous ses contemporains certains évènements majeurs dont nous ne saurons jamais rien. Faire aujourd’hui une biographie de Constantin dans ces conditions relève de la gageure.
Comme je te le disais Genio, je ne lis presque plus de biographies. Le genre impose à l’auteur pour donner corps à son personnage de remplir les vides, de tenter une approche psychologique pour trouver une cohérence dans ses intentions. Pas étonnant lorsque la matière manque à ce point comme dans le cas de Constantin, qu’avec les mêmes faits et selon les époques on aboutisse à des portraits aussi disparates.
Mais après tout qu’importe finalement que Constantin ait été un chrétien fervent ou pas et qu’importe le moment de sa conversion si elle a jamais eu lieu. Alliance avec le christianisme par (mauvaise) conscience, par foi profonde ou par intérêt bien compris, seul le résultat compte. On ne peut comprendre la politique constantinienne et les profondes mutations qui surviennent au début de ce IVe siècle qu’en se rabattant sur ses édits, sa législation qui s’étend jusqu’à la sphère privée, sa correspondance avec quelques évêques ou hauts fonctionnaires de province, ses choix économiques. C’est aussi vrai pour la période suivante, et là je dis oui oui oui et encore oui aux travaux de R. Delmaire, j’avais fait un petit résumé concernant cette loi de Constance II dite « à Rufinus » en partant de l’article dont tu parles.
myriam- Piliers du forum
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Date d'inscription : 25/12/2011
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Dont il convient de faire la promotion ici.
https://www.nummus-bibleii.com/t4450-crise-monetaire-de-354-et-speculation-la-loi-dite-a-rufinus
Pour changer, je vous présenterai un ouvrage très différent et plus divertissant qui reste axé sur un de nos thèmes favoris. Je l'ai lu il y a un moment déjà sur les conseils d'un esprit avisé et j'en ai gardé un agréable souvenir.
https://www.nummus-bibleii.com/t4450-crise-monetaire-de-354-et-speculation-la-loi-dite-a-rufinus
Pour changer, je vous présenterai un ouvrage très différent et plus divertissant qui reste axé sur un de nos thèmes favoris. Je l'ai lu il y a un moment déjà sur les conseils d'un esprit avisé et j'en ai gardé un agréable souvenir.
Invité- Invité
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
myriam a écrit:Je ne vois pas vraiment de différence de nature dans le travail d’interprétation d’une image et d’un texte! Seule la force de l’image nous fait paraître ce travail plus immédiat. Mais l'image de propagande est une fausse évidence et nécessite une grille de lecture pour pénétrer le dessein de celui qui l’a conçue.
C’est pour cette raison que je précisais : "seule notre interprétation de ce qu'il représente peut travestir les informations qu'il nous apporte." Il n’y a donc pas de différence de ce point de vue, c’est le travail de l’historien plus que celui du numismate. N’en déplaise à P. B.
En revanche les monnaies possèdent certaines caractéristiques intrinsèques qui n’ont pu être corrompues (quoique ) comme leur nature métallique, leur caractéristiques dimensionnelles, leur provenance ou ne serait-ce que leur rattachement à un type, une réforme ou un atelier. Ce sont des éléments factuels, qui seront ensuite, et c’est là que ça se complique, utilisés à plus ou moins bon escient, voire pas du tout. Je trouve que ces éléments sont sous exploitésparce ça m’arrange, ils sont plus aisés à comprendre pour moi parce qu’il leur reste beaucoup à nous apprendre et que les moyens techniques nous permettent maintenant de les analyser. Imaginons Rêvons d’une caractérisation de la composition chimique de chaque émission, ont pourrait en déduire le cheminement des matières premières, les mettre en corrélation avec les gisements et leur exploitation, tracer les émissions et leur recyclage au moyen des éléments chimiques discriminants, améliorer nos connaissances des techniques monétaires voire éclaircir certaines données concernant les réformes, etc pour enfin les mettre en parallèle des éléments « graphiques ». Il est néanmoins vrai et tu as bien fait de le rappeler que les sources écrites sont à ranger dans deux catégories, les sources historiques et les sources qui nous renseignent sur le quotidien (lois, édits, échanges de courrier, documents commerciaux ou comptables,…) qui sont probablement plus « fiables » que les premières ou moins sujettes à conjectures et c’est donc plus à cette seconde catégorie que je comparerais le matériel numismatique du point de vues de ses caractéristiques matérielles.
C’est d’ailleurs ce que fait R. Delmaire dans l'article cité, du point de vue numismatique, il s’appuie majoritairement sur les éléments concrets et ne disserte pas sur le sens supposé des représentations figurant sur les monnaies. Tout au plus lui servent-elles à catégoriser les émissions.
En revanche les monnaies possèdent certaines caractéristiques intrinsèques qui n’ont pu être corrompues (quoique ) comme leur nature métallique, leur caractéristiques dimensionnelles, leur provenance ou ne serait-ce que leur rattachement à un type, une réforme ou un atelier. Ce sont des éléments factuels, qui seront ensuite, et c’est là que ça se complique, utilisés à plus ou moins bon escient, voire pas du tout. Je trouve que ces éléments sont sous exploités
C’est d’ailleurs ce que fait R. Delmaire dans l'article cité, du point de vue numismatique, il s’appuie majoritairement sur les éléments concrets et ne disserte pas sur le sens supposé des représentations figurant sur les monnaies. Tout au plus lui servent-elles à catégoriser les émissions.
Pour l'ouvrage divertissant, certains d'entre-vous l'ont probablement déjà lu, il s'agit des « Secrets de Rome » de Corrado Augias. C'est une visite de Rome par l 'anecdote historique constituée de 15 récits qui n'ont pas de liens entre eux hormis de le fait d'avoir Rome comme « personnage » central. La quatrième de couverture est dans le lien.
Invité- Invité
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Enfin un peu d'action! Merci Genio !!
Ca saigne un peu dis moi?
Ca saigne un peu dis moi?
myriam- Piliers du forum
- Messages : 9153
Date d'inscription : 25/12/2011
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Penses-tu, de César à la mort de la starlette Anna Fallarino en passant par le Caravage et les Borgia : un vrai monde de Bisounours évoluant entre calme et volupté.
Invité- Invité
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Ah Rome, la dolce vita...........
myriam- Piliers du forum
- Messages : 9153
Date d'inscription : 25/12/2011
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Drôle de vie à l'époque ^^
Merci à vous deux de faire vivre se passionnant sujet
Merci à vous deux de faire vivre se passionnant sujet
Dardanvs- Solidus
- Messages : 10168
Date d'inscription : 26/06/2011
Age : 40
Localisation : Théopolis
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Acheté ça aujourd'hui. Pas encore lu mais c'est, je pense, susceptible d'en intéresser quelques-un(e)s.
Pas certain qu'on y apprenne quelque chose de neuf mais une revue consacrée à Julien, ce n'est pas si courant.
Pas certain qu'on y apprenne quelque chose de neuf mais une revue consacrée à Julien, ce n'est pas si courant.
Invité- Invité
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Dans la rubrique "nouveautés", ils font la promo d'une biographie de Théodose qui semble pas mal aussi.
Dernière édition par PYL le Dim 16 Nov - 18:05, édité 1 fois
PYL- Miliarense léger
- Messages : 1195
Date d'inscription : 24/10/2010
Localisation : Finistère-BRETAGNE
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Il y a sûrement quelques infos à glaner
myriam- Piliers du forum
- Messages : 9153
Date d'inscription : 25/12/2011
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Pour le dossier Julien, ceux qui se sont déjà intéressés au personnage vous n'y apprendrez probablement rien de neuf le concernant, le gros des articles se concentrant sur les campagnes militaires en Gaule et en Perse et finalement assez peu sur la personnalité de Julien hormis dans son rapport excessif à la religion dans le dernier article qui reproduit pas mal d'extraits de sa correspondance. En revanche, ce dossier est intéressant et riche en informations sur le contexte du moment. C'est donc plus un dossier "autour de julien dans son époque" que sur l'empereur Julien.
Dernière édition par Genio popvli romani le Jeu 20 Nov - 19:12, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Les monnaies c'est bien. Mais les livres aussi.
Petite question, quelqu'un a-t-il déjà lu: la chute de Rome de Brian Ward-Perkins ?
caius lucius- Double Maiorina
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Date d'inscription : 11/03/2016
Age : 33
Localisation : strasbourg
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